« Chacun chez soi mais tous ensemble ! », ce paradoxe qu’on a pu lire à la une des journaux en Italie, en Espagne, en France et ailleurs au lendemain du confinement est depuis l’origine le sujet même de l’habitat participatif. Dans le contexte de crise sanitaire prolongée que nous traversons, la ques-tion du « comment vivre ensemble » se repose autrement, cette fois dans une remontée vertigineuse, de l’ échelle de son logement (vivre confiné en famille), à celle de son immeuble (vivre avec ses voisins), puis de son quartier (vivre dans la ville), de son pays (exode des urbains vers leurs résidences secondaires), de son continent et finalement de la planète toute entière. Malgré notre usage décuplé des plateformes numériques et des rencontres virtuelles, nous avons redécouvert que les fenêtres, les balcons, les cages d’escaliers sont autant de trouées de convivialité et d’ouverture aux autres. C’est aussi le moment où l’on réalise que l’habitat collectif est souvent conçu pour le confinement volontaire, limitant au strict minimum les zones de contact entre voisins, le moment où se creusent plus encore les inégalités face au logement. « Restez à la maison » ? Oui, à condition d’en avoir une, et qu’elle offre à ses habitants des conditions de vie décentes. Les situations extrêmes ont cela d’intéressant qu’elles dévoilent brutalement les vices comme les vertus de certains modèles. Pour nous, il ne fait pas de doute que l’habitat participatif sortira grandi de cette épreuve collective. Car il est plus que jamais essentiel de faire la différence entre se loger et habi-ter, et de réinventer un art d’habiter ensemble, y compris pour ceux qui sont exclus des dispositifs d’acquisition ou de location traditionnels. A travers les projets que nous portons actuellement, et en intégrant les expériences issues de cette période inédite, nous avons le devoir encore plus impérieux, comme habitants, comme promoteurs ou comme acteurs publics, d’inventer des petits bouts de monde qui contribuent à le rendre meilleur.