« Comment constituez-vous le groupe d’habitants ? » A cette question qui nous est régulièrement posée, nous répondons que c’est plutôt le groupe d’habitants qui se constitue naturellement, en partant d’un premier noyau dur. Mais le groupe est d’autant plus soudé et imaginatif qu’il accepte de vivre le projet comme une véritable aventure, avec ses surprises et ses incertitudes, mais aussi avec sa propre « plus value » qui n’a pas de prix…
Le seuil de convivialité des projets participatifs se situant autour de 25 foyers maximum, le « recrutement » des futurs habitants n’est pas réellement une difficulté. En général, les premiers participants font naturellement de la cooptation, racontant le projet à d’autres qui viennent agrandir le cercle. De notre côté, nous informons les habitants qui nous ont déjà contactés lors de nos précédents projets et la commune d’implantation nous transmet une liste d’acquéreurs potentiels (notamment ceux qui aspirent à sortir du locatif social) dont elle dispose généralement. Si cela ne suffit pas, nous publions des appels à candidature dans les lieux phare de la ville et du quartier, sur notre site internet et dans les journaux locaux.
Contrairement aux promoteurs classiques, qui font tout pour éviter que les habitants se croisent avant l’emménagement, nous contribuons à la cohésion du groupe d’habitants, y compris lorsqu’il se construit en opposition à nos préconisations ! Si nous revendiquons le fait de ne pas être un promoteur comme les autres (nous n’avons pas de « produit » à vendre, mais plutôt des engagements et une méthode à respecter), notre démarche ne fonctionne que parce que les habitants font aussi « un pas de côté » et sont prêts à vivre une aventure collective, moins prévisible et balisée que l’est l’achat d’un logement standardisé.
Dès lors qu’il est acquis que participation rime avec prise de décision et donc responsabilité et autonomie, le groupe commence à fonctionner en dehors de notre présence, à se fixer ses propres objectifs et à définir son propre agenda. C’est sans doute le moment le plus intense et instructif pour les habitants qui prennent conscience de la puissance et de l’intelligence collective, des efforts qu’ils peuvent mutualiser, des savoirs et compétences qu’ils peuvent acquérir ou échanger, de l’expérience qu’ils sont en train de vivre.