Dans un projet participatif, la communication entre les acteurs est un impératif : il en va du climat de confiance et de sérénité dans lequel il peut se déployer, et au final, de sa réussite. Nous accordons beaucoup d’importance au récit des projets, pour garder la mémoire de l’expérience acquise et s’efforcer de la partager.
Les futurs habitants ne s’engageant pas tous au même moment, ceux qui prennent le train en marche doivent pouvoir comprendre comment le convoi s’est constitué. En phase de conception, nous réalisons des comptes rendus très détaillés des ateliers pour tracer l’enchaînement des décisions prises et les arguments qui les ont motivées. En phase de chantier, c’est un « journal de bord » envoyé régulièrement par mail qui assure le récit de l’avancement des travaux. En peu de mots et beaucoup d’images, il fait le point sur les évolutions, les problèmes rencontrés, donne à voir le travail des entreprises, la face cachée du chantier, les anecdotes, pour appréhender concrètement la matérialisation du projet.
Si cette mise en visibilité favorise l’appropriation du projet par les futurs habitants, elle peut aussi alimenter inutilement leurs inquiétudes : un paradoxe dans un contexte où l’on s’en remet justement à un maître d’ouvrage pour ne pas avoir à partager toutes les tribulations de l’opération immobilière. Nous faisons donc la part des choses entre ce qui relève de notre devoir d’information et ce qui fait simplement partie du quotidien du métier de promoteur. Mais nous savons aussi solliciter l’avis des habitants lorsqu’il s’agit de prendre une décision qui peut avoir sur le projet un effet structurant et ne peut donc être arbitrée unilatéralement.
Au-delà de l’immeuble, les projets d’habitat participatif construisent des expériences mémorables, et de l’avis des participants, fabriquent de belles tranches de vie : souvenirs des rencontres, moments forts, angoisses et coups de gueule, satisfaction d’avoir surmonté les difficultés et d’en être sorti grandi, changé et « enrichi »… Beaucoup estiment d’ailleurs que témoigner est un devoir vis-à-vis d’autres candidats à l’aventure, manière de ne pas profiter égoïstement d’une expérience souvent vécue comme une chance à saisir. Notre rôle de promoteur, tel que nous le concevons, est de contribuer à produire cette part immatérielle et précieuse de l’ouvrage, qui dépasse largement sa seule valeur d’usage.